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DE LA CONTINUITÉ LINGUISTIQUE DU PRÉHILALIEN DE TYPE JEBLI AU-DELÀ DU TERRITOIRE DES JBALA
SOBRE ALGUNOS RASGOS PREHILALIANOS EN EL HABLA DEL OULED BOUMALEK / BOUHOUDA (TAOUNATE)
OF SOME PREHILALIAN FEATURESIN THE LANGUAGE OF THE OULED BOUMALEK / BOUHOUDA (TAOUNATE)
بعض التمظهرات في اللهجة الجبلية ما قبل الهلالية لأولاد بومالك/ بوهودة – تاونات
Al-Andalus Magreb, vol. 26, n° 1, pp. 1-20, 2019
Universidad de Cádiz

Artículos

Al-Andalus Magreb
Universidad de Cádiz, España
ISSN-e: 2660-7697
Périodicité: Anual
vol. 26, n° 1, 2019

Résumé: On considère, généralement, que le territoire des Jbala, au nord-ouest du Maroc, est limité, au sud, par le bassin de l’Oued Ouergha moyen, au nord, par le détroit de Gibraltar et, au nord-est, par le Rif et l’Oriental. Le parler des Jbala, de type préhilalien, se limiterait donc à cet espace géographique. Or, comme l’avaient déjà pressenti et indiqué des sémitisants de l’ère coloniale et comme l’ont confirmé des travaux récents, des parlers présentant des caractéristiques similaires aux parlers des Jbala sont attestés au sud-est et au sud-ouest de cette aire géographique. Cet article fait la synthèse de ces travaux et analyse des données recueillies récemment qui montrent la parenté entre le parler des Jbala et des parlers appartenant à des zones situées en dehors de ce territoire et qui en constituent, probablement, l’extension.

Mots clés: Dialectologie, Préhilalien, Jbala, Maroc, Géographie linguistique, Variation, Variante, Arabe, Substrat.

Abstract: It is generally considered that the territory of Jbala, in the north-west of Morocco, is bounded on the south by the Oued Ouergha Basin, on the north by the Strait of Gibraltar and on the north-east by the Rif and the Oriental region. The dialect of Jbala, pertaining to the prehilalian type, would be limited to this geographical region. However, as it has been suggested and indicated by some colonial times Semitists and confirmed by recent work, some dialects showing similar features to Jbala dialects are attested in the southeast and southwest of this geographical area. This paper synthesizes the collaborative work recently done in this field and analyses some of the collected data that show the kinship links between Jbala dialects ant other dialects spoken in areas outside of this territory, which should be regarded as an extension of it.

Keywords: Dialectology, Prehilalian, Jbala, Morocco, Linguistic Geography, Variation, Variant, Arabic, Substratum.

ملخص: يُعتبر عمومًا أن إقليم جبالة في شمال غرب المغرب يحده من الجنوب حوض ورغة، ومن الشمال مضيق جبل طارق، ومن الشمال الشرقي، الريف والجهة الشرقية . فقد يبدو أن تواجد لغة جبالة، المتداولة بالمغرب قبل وصول بني هلال، يقتصر فقط على هذا الفضاء الجغرافي. ومع ذلك، كما تم اقتراحه بالفعل وأشار إليه دارسو اللغات السامية من عهد الاستعمار وكما أكدته الأبحاث الحديثة، فإن لهجات ذات خصائص شببهة بلهجات جبالة تشهد في الجنوب الشرقي والجنوب الغربي من هذه المنطقة . يقدم هذا المقال جملة من المعطيات ويحلل بعض البيانات الحديثة التي تظهر صلة القرابة بين لغة جبالة ولهجات واردة في محيط هذه المنطقة وخارجها، قد تشكل امتدادا لها .

الكلمات المفتاحية: علم اللهجات, مرحلة ما قبل بني هلال, جبالة, المغرب, الجغرافيا اللغوية, التنوع اللغوي, البديل اللغوي, اللغة العربية, الركيزة اللغوية الأساس.

0. Introduction:

Le territoire des Jbala est représenté, en général, comme allant du bassin de l’oued Ouergha, au nord du territoire des tribus bédouines ou bédouinisées des Chraga et des Hyayna([1]), jusqu’à la limite nord-ouest du Maroc, vers le détroit de Gibraltar([2]).

Le parler des Jbala est classifié comme un parler préhilalien, terme utilisé par les sémitisants occidentaux et correspondant à ce que Ibn Khaldoun, dans ses Prolégomènes, décrit comme la langue arabe des sédentaires, par opposition aux parlers hilaliens (langue arabe des nomades, selon cet auteur) :

« On a nommé ce dialecte haderite, parce qu’il est employé par les habitants des hadera (c’est-à-dire des demeures fixes) et des villes, et aussi pour le distinguer de celui des Arabes bédouins, dialecte qui a beaucoup mieux conservé la pureté de la langue arabe »([3]).

Les auteurs ayant contribué à l’ouvrage Initiation au Maroc([4]) ont mentionné l’existence d’autres petites aires montagneuses au centre-sud de ce territoire où sont parlées des variantes de langue proches du parler des Jbala (couloir de Taza et région de Sefrou).

Les enquêtes que nous avons menées, ainsi que des enquêtes effectuées sous notre direction, ont permis de confirmer cette thèse([5]). Par ailleurs, des données supplémentaires ont permis de montrer qu’un parler de même nature était attesté au nord-ouest de Fès, dans la région nord de Meknès (Nzala des Bni Ammar dans le Zerhoun)([6]). Ce qui pourrait confirmer la thèse selon laquelle toute la zone au nord de Fès et de Meknès, incluant la région de Taza, faisait partie du territoire Ghomara et que c’est, peut-être, du côté de la variante berbère masmouda des Ghomara qu’il faut rechercher le substrat berbère des parlers Jbala, plutôt que du côté rifain([7]), les Zénètes étant arrivés plus tard à partir de l’est de l’Afrique du nord, ou du côté senhaja, population arrivée du Sahara.

Dans cet article, nous présentons quelques éléments de corpus recueillis au sud-est et sud-ouest de Fès en cherchant à souligner les points communs entre les parlers de Bni Yazgha, Azzaba([8]), Bhalil et Zerhoun et ceux des parlers Jbala.

Dans un travail sur le parler des Bni Yazgha([9]) nous nous étions référés aux auteurs de l’ouvrage Initiation au Maroc([10]) d’après lesquels :

« Les parlers préhilaliens de type citadin et montagnard se subdivisent, d’une part, en parlers septentrionaux, plus anciens, s’étendant du détroit de Gibraltar jusqu’à l’est de Ouezzane et regroupant la confédération des Ghomara, anciens occupants, et d’autre part, les parlers méridionaux, s’étendant de Ouezzane à Taza regroupant les Senhaja et les Botr (Zenètes : Mernisa, Branes et Tsoul), nouveaux arrivants, de parlers relativement plus récents ».

À ces deux groupes, les auteurs ajoutent :

« Deux petits îlots méridionaux : les montagnards de la région de Sefrou, au sud-est de Fès (Bhalil, Bni Yazgha, etc…), et les Ghiata du sud de Taza ; ils constituent vraisemblablement les derniers vestiges d’un bloc arabophone continu qui s’étendait au sud du couloir de Fès-Taza et dont l’existence est attestée au XIIe siècle, par le géographe Idrissi ».

Des enquêtes de terrain récentes, menées sous notre direction, ont permis de confirmer que les caractéristiques communément reconnues aux parlers des Jbala s’étendaient au-delà de l’espace considéré habituellement comme jebli. Déjà, l’étude des variantes linguistiques du couloir de Taza a permis de mettre l’accent sur leur ressemblance avec ces parlers. D’autre part, on trouve des variantes linguistiques très proches, dans des zones situées plus au sud, en deçà du nord-ouest marocain : parlers des Bni Yazgha, des Bhalil et d’Azzaba (région de Sefrou), ainsi que le parler de Zerhoun (région de Meknès). Il se pourrait, par ailleurs, que le substrat amazigh (ghomari ou zénète) soit à l’origine de ces ressemblances. D’une manière générale, on dispose de peu de données pour appuyer ces constats. Dans ce travail, nous présenterons quelques éléments de ce corpus recueilli au sud-est et sud-ouest de Fès en cherchant à souligner les points communs entre les parlers de Bni Yazgha, Bhalil, Azzaba et Zerhoun et ceux des parlers Jbala.

1. Rappel des caractéristiques des parlers préhilaliens et hilaliens

Auparavant, il conviendrait de rappeler les principales caractéristiques linguistiques qui distinguent les parlers préhilaliens des parlers hilaliens. Ces parlers sont tous des variantes de la langue arabe. Les différences entre ces deux grands groupes de parlers se situent au niveau phonétique, morphosyntaxique et lexical. Nous nous contenterons de citer quelques exemples de chaque type.

1.1. Différences phonétiques

1.1.1. Les macro-discriminants

Concernant les macro-discriminants([11]) [g] opposée à [q] et la variante glottale de cette dernière consonne ([Ɂ]), [g] caractériserait les parlers bédouins([12]) : gǟl (verbe « dire »), bǝgṛa (vache), gṛa (lire, étudier : en ḥăssǟniyä) ; alors que [q] et sa variante [Ɂ] caractériseraient les parlers préhilaliens([13]) : qāl (verbe dire), băqṛa, băɁṛa (vache).

1.1.2. Le spirantisme

Le spirantisme (tendance des occlusives à tendre vers les fricatives, d’où leur nom d’approximantes([14])) est attesté aussi bien dans certains parlers bédouins (le ḥăssǟniyä et le vieux parler des Zäers([15])) que dans des variantes préhilaliennes. Mais il n’aurait n’a pas la même source (dans les parlers bédouins, il constituerait un vestige de l’arabe classique et dans les parlers pré-hilalien, il serait dû à l’influence des variantes du berbère qui présentent cette particularité).

1.1.3. La structuration syllabique

On constate la subsistance d’une syllabation aérée dans les parlers hilaliens([16]) et la tendance vers une syllabation compacte([17]) dans le préhilalien. Ainsi sur la base d’un schème nominal tel que [fǝʕla] ou [fʕāla], le hilalien formera la forme génitive [fǝʕlǝţ] ou [fʕālǝţ], en deux syllabes (avec l’accent sur la deuxième syllabe) et le préhilalien la forme [fʕālţ] ou [fʕǝlţ], en une seule syllabe fermée : bǝgṛa / băɁṛa > bǝgṛǝţ-hä / bqăṛţ-hä (vache d’elle > sa vache), kţäbä > ktǟbǝţ-hä / ktǟbţ-hä (écriture d’elle > son écriture).

1.1.4. La diphtongaison

La diphtongaison semble être une caractéristique commune au préhilalien et au hilalien ruraux, tandis que la transformation des diphtongues en voyelles longues semble être une caractéristique citadine commune : ḫăyr (bien) : hilalien / ḫīr (citadin) ; ţăwṛ (bœuf) : préhilalien / ţūṛ (citadin).

2. Différences morphosyntaxiques

2.1. Le hilalien conserve souvent l’usage du génitif synthétique : bǝgṛǝţ-ha (sa vache) : hilalien.

2.2. Le préhilalien préfère le recours au génitif analytique : l- băɁṛa dyal-a (sa vache) : préhilalien

3. Différences lexicales

3.1. Interférences en diachronie

3.1.1. Fonds lexical arabe archaïque, dans le préhilalien : niyyǟra (flamme) : préhilalien.

3.1.2. Substrat berbère plus présent, dans le préhilalien : ţuḏǟla (gerbe de blé) : préhilalien ; sərrəd (envoyer) : hilalien ; ṣăyfṭ / ṣēfṭ (envoyer) : préhilalien.

3.2. Options lexicales différentes

fǟt (passer) : hilalien ; gǟz (passer) : préhilalien.

4. Similitudes et les divergences à l’intérieur du préhilalien

4.1. Similitudes entre le préhilalien septentrional et le préhilalien méridional montagnards

4.1.1. Au sujet de l’assourdissement de la post-alvéolaire sonore emphatique, il s’agit d’une tendance plutôt que d’une règle générale.

Ce phénomène concerne les deux zones mais, dans l’aire où prédomine l’occlusion, celui-ci touche un plus grand nombre d’éléments lexicaux. Ainsi, on y trouve exclusivement le genre suivant de variantes lexicales : [ḍhăr] > [ṭhar] (dos) ; [ḥfǝḍ] > [ḥfǝṭ] (apprendre par cœur) ; bīṭa ou băyṭa (œuf) ; ṭu (lumière), mā ṭḥăkš-i (elle ne rit pas) - B. Yazgha ; ka-yžiw yṭarb-u ṣ-ṣdaq (ils viennent pour que l’acte de mariage soit établi) - Bhalil ; kä-yqāṭiw mən hǟd š-ši (ils finissent cela) - Bhalil ; ḫṭăr (vert) - Azzaba.

La région du Zerhoun fait exception à cette tendance : yəddīk bīḍa (ta main est blanche) - Zerhoun.

4.1.2. Amuïssement ou assimilation de la liquide /l/ : qi / lqi (faire) : commun ylqī-w l l-ʕrūṣa l-ḥənna (ils/elles mettent à la mariée du henné) - B. Yazgha ; qāt < qālt (elle a dit) : commun ; gǝss < glǝs (il s’est assis) - B. Yazgha.

4.1.3. Assourdissement de l’uvulaire /ġ/ :ḫsǝl < ġsǝl (se laver) assourdissement de l’uvulaire /ġ/ ; kä-yḫslū-h (ils le lavent) – B. Yazgha ; yḫəsl-u l-ä (ils la lavent) – Bhalil. Le Zerhoun sort du lot (en plus d’utiliser, pour la concomitance, le préfixe [ƫä]) : ƫä-ƫəġsəl (elle (se) lave) – Zerhoun.

4.1.4. Réalisation [g] de [ž] - verbe « passer » :ygəwwəz-u dīk l-līla (ils passent cette nuit) - Bhalil.

4.1.5. Amuïssement du [h] du pronom suffixe en position post-consonantique :ybǝllġu l-ä (ils/elles lui font parvenir) - B. Yazgha ; bḥǟl-ǝm ((ils/elles vont) leur chemin) - B. Yazgha ; ʔida šǟf-ä (s’il la voit) - Bhalil ; ṣḥābaƫ-ä (ses amies) - Zerhoun. Par opposition à l’absence d’amuïssement de [h] en position post-vocalique : kä-yḫslū-h (ils le lavent) - B. Yazgha ; nəʕṭi- ha (je la/lui donne) - Bhalil ; ʕlī-hä (sur elle) - Zerhoun.

4.1.6. Adjectifs démonstratifs variables :dǟk bnǟdəm (cette personne ; lit. ce fils d’Adam) - Zerhoun ; dīk l-ʕṛūṣa (cette mariée) - Zerhoun ; dūk l-ḥəḍḍār (ces gens présents/invités) - B. Yazgha ; dūk l-ḥwǟyəž (ces vêtemets) – Zerhoun.

4.1.7. Calques sur le berbère :bäbä-hä d l-ʕrūsa (le père de la mariée ; li. le père d’elle de la mariée) - Bhalil ; yəmmä n l-ʕṛūṣa (la mère de la mariée) - Zerhoun.

4.1.8. Duel : l-yəddǟyn (les deux mains) - Bhalil, Larbaa de Beni Lent (Tsoul) ; wǝdnayǝn (deux oreilles) - Douar Tarqia (Beni Oulid) ; ər-rəžlǟyn (les deux pieds) - Larbaa de Beni Lent.

4.1.9. Morphologie verbale

4.1.9.1. Emploi généralisé du préfixe de la concomitance (particule préverbale de la forme d’habitude) : kä-

4.1.9.2. Emploi fréquent de la 7ème forme :nəʕmǟţ (elle est devenue aveugle) - B. Yazgha ; nəʕṭāţ (elle a été donnée) - Bhalil.

4.1.10. Fond lexical :qmǝḥ (blé) ; ʕăbbi (emmener ; épouser - B. Yazgha à ddi - Zerhoun) ; nsä (femmes) ; zəlləm (coiffer) - Bhalil ; Zerhoun ; zəllǟma (« maquilleuse ») ; (bouche) - Bhalil ; wəšši (mettre du henné) - Bhalil ; qūm (se lever) - Bhalil ; mdi (quand) - Zerhoun ; balləġ (accompagner) - B. Yazgha ; Zerhoun.

4.2. Divergences au sein du préhilalien

4.2.1. Le spirantisme

Le trait du spirantisme permettrait d’introduire une subdivision à l’intérieur du préhilalien. En effet, dans un groupe de parlers prévaudrait l’occlusion des alvéolaires et des vélaires, alors que dans un autre prévaudrait le spirantisme de ces consonnes.

Le spirantisme caractériserait la zone nord de l’aire géographique du préhilalien (les Tsoul : Bni Ifrassen, Bni Lent, Larache sur la côte de l’Atlantique). Il prend les formes suivantes :

Spirantisation des occlusives alvéolaires simples sourdes et sonores [t] et [d]([18]) qui deviennent [ṯ] et [ḏ] et, éventuellement, de l’occlusive post-alvéolaire sonore emphatique [ḍ] qui devient [Ð], de la vélaire sourde [k] qui devient [ḵ].

Alors que dans la zone méridionale prévaut l’occlusion : au sud-est (région de Sefrou), sud-ouest (Zerhoun) et parler préhilalien citadin (Fès).

En zone sud, les réalisations phonétiques sont moins variées qu’en zone septentrionale. Ainsi, pour le phonème /ḍ/, on ne relève que deux réalisations: [ḍ] et [ṭ]. Et pour ce qui est des vélaires /k/ et /g/, on a la réalisation occlusive, avec parfois oscillation entre la réalisation sourde ou sonore, par assimilation : chez les Bni Yazgha : kṣʕā (< gṣʕā : plat pour servir le couscous) ; hǟgda (< hǟkda : ainsi).

Une hypothèse reste à vérifier : l’esquisse d’une subdivision entre une zone septentrionale où prévaudrait le spirantisme et une zone méridionale où prévaudrait l’occlusion semble reproduire un schéma similaire de distribution du berbère sur l’ensemble du territoire marocain: au sud prévaut l’occlusion et plus on avance vers le nord plus on constate la prévalence du spirantisme (avec la réserve qu’en zone sud, les vélaires peuvent être palatalisées, alors que les alvéolaires conservent leur réalisation occlusive ).

4.2.2. L’affrication

L’affrication, également, est un trait distinctif (une variable sociolinguistique) qui permettrait de distinguer la zone nord de la zone sud.

Au nord, on relève l’affrication des chuintantes post-alvéolaires sourde et sonore [š] et [ž] et qui deviennent [č] et [ğ].

Dans la zone sud, seule l’alvéolaire sourde /t/ peut être réalisée affriquée.

4.2.3. Morphosyntaxe

Emplois de la particule « di » qui serait d’origine araméenne et serait due à une influence plus importante du judéo-arabe :

4.2.3.1. « di » : préposition :lʕrǟs di bǝn yāzġa l-qdām (les fêtes de mariage des anciens Béni Yazgha) ; l-fä di kūlla wəḥda (la bouche de chacune) - Bhalil ; l-ʕūrs di zărhūn (la fête du mariage à Zerhoun).

4.2.3.2. « di »: relatif :dǟk ššī di mžmūʕ (ce qui est réuni) – B. Yazgha ; ʔäw di ʕănd-u mnǟh (celui qui a de quoi) - Bhalil ; di ʕmăl-ƫi-wəh hūwwa di kǟyən (vous faites comme il vous convient) - Zerhoun ; di ʕăndu l-ksībä f ḍ-ḍāṛ ƫä yddi-hä mən ḍ-ḍāṛ ʔu di ma ʕăndu šǟy ƫä y-mši l ṣ-ṣūq (celui qui possède du bétail en offre une de chez lui et celui qui n’en a pas en achète au souk) - Zerhoun.

4.2.3.3. « di » :conjonction :mən di žä (depuis qu’il est venu) - B. Yazgha, variante : mdi.

4.2.3.4. « di » : pronom indéfini :Ɂīwä di kä-yžīb l-ḥăwli di ka-yžīb ṣ-ṣukkāṛ di kä-yžīb z-zit di kä-yžīb l-ġīṭa (alors certains apportent un mouton, d’autres du sucre, d’autres de l’huile, d’autres un (joueur de) hautbois) - B. Yazgha.

5. Conclusion

Des travaux de recherche récents ont permis d’éclairer sous un jour nouveau ce qu’il est convenu d’appeler le paysage linguistique marocain. Celui-ci constitue le résultat (de nos jours, constamment renouvelé, à un rythme variable) du flux et du reflux des populations d’Afrique du nord et du Proche-Orient, essentiellement (mais il ne conviendrait pas de négliger l’apport de l’Afrique subsaharienne). Cette mobilité a, certes, contribué au brassage de ces populations, mais, il subsiste des vestiges des états anciens des langues pratiquées dans cette aire géographique.

Ainsi, certains isotopes de nature diverse (phonique, morphologique, syntaxique, lexicale) permettent d’effectuer un véritable travail d’archéologie linguistique et de tracer des pistes de recherche innovantes permettant de reconstituer le tracé enchevêtré des variations linguistiques survenues au Maroc.

C’est, ici, l’occasion de souligner l’importance des travaux et des enquêtes de terrain, seuls susceptibles de mettre à l’épreuve des données concrètes les hypothèses émises sur les rapports entre les langues au Maroc. De même, le rapport entre ethnie et langue s’en retrouve décalé. La langue permet, de façon indépendante des origines ethniques des locuteurs, vu le brassage constant auquel ils sont exposés, de refléter et de retracer le cheminement du parcours qu’elle effectue dans l’espace géographique, à la fois, par son noyau provisoirement constant et son écorce exposée aux avaries du temps. Et vu l’importance du facteur temps, il conviendrait d’enrichir l’étude du rapport entre la langue et le territoire par l’analyse de la relation entre la langue et l’histoire.

C’est ainsi que cette approche inductive nous a permis, entre autres :

1) de montrer les similitudes entre les variantes du préhilalien montagnard :

a) sur le plan phonique : la possibilité de l’amuïssement de la radicale latérale liquide, la possibilité de l’assourdissement de l’uvulaire, la réalisation vélaire sonore de la chuintante sonore ;

b) sur le plan morphosyntaxique : l’amuïssement de la fricative laryngale du pronom suffixe de la troisième personne en position post-consonantique, la forme particulière du duel, la variabilité des adjectifs démonstratifs, le calque sur le berbère, l’emploi de la 7ème forme verbale ;

2) de classer les variantes langagières du préhilalien en groupes fondés sur des variables isotopiques telles que :

a) sur le plan phonique : la réalisation occlusive ou fricative des alvéolaires et des vélaires, la réalisation sonore ou sourde de la post-vélaire emphatique, la réalisation simple ou affriquée des chuintantes ;

b) sur le plan morphosyntaxique, l’emploi de la particule "di" avec plusieurs valeurs, en zone méridionale, que l’on retrouve aussi en judéo-arabe marocain([19]).

Pour ce qui est de la comparaison entre le fonds lexical des deux zones du préhilalien, il s’agit d’un travail qui reste à faire.

D’un point de vue déductif, nous avons suggéré la probabilité de l’existence d’une similitude entre la subdivision, dans le champ berbère, en zone d’occlusion dans le sud et zone de spirantisme dans le nord([20]) et la même subdivision à l’intérieur de l’arabe préhilalien.

Par ailleurs, pour une meilleure compréhension des variétés linguistiques au Maroc, en particulier, et en Afrique du nord, en général, les études de terrain sur l’arabe ne devraient pas être séparées des études sur l’amazighe. Qu’on nous permette d’évoquer, à ce sujet, une visite que nous avons effectuée, il y a quelques mois, en compagnie de Jacques Vignet-Zunz et de notre doctorant, Rachid Boujtat, dans la région des Ghomara où se parle encore le berbère. Grâce à un contact bilingue, du village côtier de Iʕṛaben (chez les Bni Bouzraa), aimablement fourni par Khalid Mourigh (qui a effectué, pour sa thèse, des recherches dans la zone([21])), nous avons pu remettre en question des idées préconçues sur le rapport entre l’arabe et le berbère dans la région. Ainsi, bien que Boujtat soit locuteur d’une variante zénète de l’amazighe, l’intercompréhension entre lui et notre contact n’a pas pu s’établir en berbère. Ce qui nous a permis de douter que le rifain constitue le substrat berbère des parlers jeblis, sachant que les Ghomara représentent la population la plus ancienne du nord-ouest marocain([22]). Ce constat crée, par conséquent, une perspective de recherche fascinante.

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6. Appendice 1 : Tableau de transcription du corpus


Caractères spéciaux adoptés pour la transcription phonétique

7. Appendice 2




Détail de la carte michelin indiquant le Rif et la région de Meknès - Fès, échelle : 1/600 000, Librairie Nationale, Mohammédia, 2012. Sur la carte, Taounate (tribu des Meziate), correspond au chef-lieu de la Province de Taounate, région Jbala reconnue. Vers le couloir de Taza, Tainaste (tout à fait en haut, à droite) indique la tribu des Branès, Bni Lent et Bni Frassen indiquent les Tsoul et Oued Amlil indique les Ghiyata. Au sud-est de Fès et de Sefrou, El Menzel indique le chef-lieu des Bni Yazgha. Entre El Menzel et Sefrou, il y a Azzaba. Au nord-ouest de Sefrou, il y a Bhalil. Au nord de Meknès et de Mouley Driss, Nzala-des-Bni-Ammar appartient à la région du Zerhoun.

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Notes

* Laboratoire Langues, Littérature, Communication et Didactique. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar el Mehraz - Fès E-mail : fouad.brigui@usmba.ac.ma, https://usmba.academia.edu/FBrigui
([1]) Lévi-Provençal (1922). Voir Croquis des Tribus Riveraines de l’Oûargha Moyen.
([2]) Vicente et al. (2017 : 11), Voir Carte des populations du Maroc septentrional.
([3]) Ibn Khaldoun (1377 : 2ème partie, 241).
([4]) Lévi-Provençal et al. (1945).
([5]) Voir, entre autres, Bedra, Belbaïta, Benabbou, Brigui, Larej (2017) ; Ghilan, Rhzani (2016).
([6]) Moumen (2016).
([7]) Boukous (2012 : 66).
([8]) Des données sur le parler de Azzaba sont en cours de collecte avec l’inestimable concours de Khalil Zouhir.
([9]) Brigui (2017).
([10]) Lévi-Provençal et al. (1945).
([11]) Taine-Cheikh, Catherine (2000).
([12]) Sur la valeur diatopique de ces variantes phonétiques analysées en tant que variables sociolinguistiques, voir Messaoudi (2001).
([13]) Il convient, cependant, de signaler qu’en raison des contacts entre ces différents parlers, il existe des exceptions à cette règle générale. Cette question mériterait une étude à part, car il serait intéressant d’étudier dans quelle conditions cette opposition entre ces deux segments phoniques est simplement phonétique ou bien constitue une opposition distinctive.
([14]) Ladefoged (1975).
([15]) Aguadé (1998).
([16]) En tout cas, pour le hilalien qui n’a pas encore adopté la syllabation compacte du berbère
([17]) Akka (1990) & Brigui (2015b : 11-12)
([18]) Nous remercions Thami Benkirane, d’avoir attiré notre attention sur le fait que, vu leur mode d’articulation, les phonèmes /t/ et /d/ ne sont pas des dentales comme on a l’habitude de les considérer, mais plutôt des alvéolaires.
([19]) Brunot (1936).
([20]) Boukous (2009).
([21]) Mourigh (2017).
([22]) Colin (1929).
([23]) La colonne « observations » nous permet de donner des indications plus « parlantes » pour les habitués au système de notation des sémitisants. C’est pour la même raison que nous avons gardé un mélange entre les traits articulatoires et les traits acoustiques dans la description des phonèmes, malgré les réserves de notre collègue, phonéticien, Thami Benkirane (pour lequel les traits « sonore » et « sourd » relèvent de l’acoustique et devraient être remplacés par « voisé/non voisé » plus conformes à la description articulatoire), communication personnelle.
([24]) Thami Benkirane (communication, personnelle) conteste la pertinence d’une opposition de quantité en arabe marocain dans la mesure où elle n’est pas phonologiquement distinctive. En tant que dialectologues, l’opposition voyelle brève/voyelle longue nous permet de repérer les voyelles allophones du schwa par opposition aux voyelles constantes (argument présenté par Vicente lors de la rencontre « Linguistes et ethnobotanistes : données préliminaires de missions interdisciplinaires de terrain en pays Jbala », dans le cadre du Projet International de Coopération Scientifique « La montagne et ses savoirs », Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, 24 février 2014). Cette opposition serait distinctive dans les parlers Jbala qui ont tendance à présenter une voyelle brève là où les autres parlers utilisent le schwa.

Information additionnelle

BIBLID: [1133-8571] 26 (2019) 01.1-20.



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