RELACIONES INTERNACIONALES

L’individu dans l’histoire: la crisis international des dirigeants politiques

The individual in history: the international crisis of political leaders

Danielle Bleitrach
Aix en Provence, Francia

Política Internacional

Instituto Superior de Relaciones Internacionales "Raúl Roa García", Cuba

ISSN: 1810-9330

ISSN-e: 2707-7330

Périodicité: Trimestral

vol. 2, n° 7, 2020

politicainternacionaldigital@gmail.com

Reçu: 29 May 2020

Accepté: 15 Juin 2020



Résumé: L’article examine les implications politiques et théoriques du lien entre l’individu et l’histoire et prend comme référence le moment actuel de la pandémie COVID-19. Il met en lumière les réflexions de Fidel Castro, et d’autres penseurs marxistes qui l’ont précédé, sur le rôle des dirigeants dans l’histoire et les circonstances sociales dans lesquelles ils émergent et dirigent les masses. L’ouvrage reflète la crise du leadership politique international, dont l’incarnation est sans aucun doute le président des États-Unis Donald Trump, qui, dans le contexte de la pandémie, a fait preuve d’un mépris fondamental pour les peuples.

Mots clés: L’individu dans, l’histoire, COVID-19, marxisme, Fidel Castro.

Abstract: The article examines the political and theoretical implications of the link between the individual and history and takes as a reference the current timing of the COVID-19 pandemic. It highlights the reflections of Fidel Castro, and other Marxist thinkers who preceded him, on the role of leaders in history and the social circumstances in which they emerge and lead the masses. The book reflects the crisis of international political leadership, the embodiment of which is undoubtedly U.S. President Donald Trump, who, in the context of the pandemic, has shown fundamental contempt for the peoples.

Keywords: The Individual in, History, COVID-19, Marxism, Fidel Castro.

INTRODUCTION

Il y a des moments historiques, comme aujourd’hui, aux Etats-Uniis et plus généralemet en occident, où on est littéralement effrayé par la médiocrité, la puérilité dangereuse des dirigeants politiques… mais cet effroi ne fait que redoubler celui du désarroi des masses qui hésitent à choisir la transformation.

Si un petit groupe se radicalise, en revanche il a du mal à entraîner toute la société qui, elle au contraire, est inerte, à la recherche d’un compromis… Les masses paraissent se jeter en arrière à l’idée de franchir le Rubicon, elles sont désorganisées… C’est du moins ce qu’une perspective marxiste nous incite à penser alors qu’ordinairement, en particulier quand le parlementarisme est roi, on pense que la situation est sans issue parce que nous n’avons que des dirigeants médiocres. Les implications politiques et théoriques de ce lien entre individu et histoire sont importantes. Par exemple, Althusser quand il refusait l’explication du “stalinisme” par le khrouchtchevisme comme “pouvoir personnel me paraît avoir eu raison. Quand on décrit des “génies”aussi incontestables que Lénine, Fidel Castro, ce génie est certes celui de gens qui voient ce que les autres ne voient pas, arrivent à les convaincre et manifstent une volonté peu commune, mais ce sont surtout des individus qui sont en prise avec la réalité, les besoins des masses.

On ne saurait les comparer à ceux qui produisent des catastrophes pour les raisons inverses.

DEVELOPPEMENT

Mais voyons la démonstration de ce renversement de perspective… Il y des hommes produits d’une époque et qui y jouent un rôle important dans l’accélération du désastre. Je me souviens qu’en contemplant la fin du règne de George W. Bush junior, je m’étais demandé comment un homme d’une telle médiocrité pouvait faire autant de dégâts. Nos présidents, de Sarkozy à Macron, en passant par Hollande, ne sont pas mal dans le genre non plus, mais Donald Trump a un côté nettement plus apocalyptique. Il ressemble à ses partisans qui sont persuadés d’être protégés par dieu dans une pandémie mais ne peuvent s’empêcher de se ballader avec des armes de guerre pour se protéger de tout le reste.


Cette volonté parait de l’ordre du caprice et à si courte vue que ça en devient effrayant, il y a une sorte de négation du réel, des besoins humains, de leur peuple, comme si le réel leur échappait.

Bref des hommes de peu d’envergure peuvent marquer l’histoire et générer des chaos. Mais ce n’est pas de ce type d’hommes, qui paraissent accélérer les décadences et les chutes d’empire dont ils sont le produit, sur lesquels nous nous interrogeons, mais bien plutôt ceux qui sont capables d’accélérer l’histoire, de justement lui épargner de longues phases de barbarie, guerres et désordres.

Sur de longues périodes historiques un tel rôle peut paraître avoir moins d’importance qu’une marche beaucoup plus générale de l’histoire marquée par la contradiction entre le développement des forces productives et les rapports de production, la lutte des classe, pourtant ce rôle existe dans des moments particuliers. C’est ce l’historien Plekhanov a décrit d’une manière qui est plus que jamais pertinente:

On a observé depuis longtemps déjà, que les hommes de talent apparaissent partout et toujours là, où les conditions sociales sont favorables à leur développement. Cela revient à dire que tout talent qui se manifeste, c’est-à-dire qui devient ue force sociale est le fruit des rapports sociaux. Dès lors on comprend pourquoi, comme nous l’avons dit, les hommes de talent peuvent modifier la physionomie particulière, mais non l’orientation générale des événements, eux-mêmes n’existent que grâce à cette orientation; sans elle, ils n’auraient jamais franchi le seui qui sépare le possible du reel (Plekhanov, 1947: 266-272).

Plekhanov s’inscrit en faux devant une conception de l’histoire dans lequel l’élément individuel ne jouerait aucun rôle:

Un grand homme est grand non parce que ses qualités personnelles donnent aux grands événements historiques leur physionomie propre, mais parce qu’il est doué de qualités qui le rendent plus capables que tous les autres de répondre aux grands besoins sociaux de son temps, besoins engendrés par des causes générales et particulières [...]. Oui, le grand homme est un initiateur, parce qu’il voit plus loin et veut plus fortement que les autres. Il résoud les problèmes scientifiques que pose à l’ordre du jour la marche antérieure du développement intellectuel de la société; il signale les nouveaux besoins sociaux créés par le développement antérieur des rapports sociaux et le premier il entreprend de les satisfaire. Il est un héros. Non en ce sens qu’il pourrait arrêter ou modifier le cours naturel des choses, mais parce son action est l’expression consciente et libre de ce cours des choses, nécessaires et inconscient. Toute son importance est là, et aussi toute sa force. Mais cette importance est formidable, cette force est prodigieuse.

Le caractère de l’individu n’est un ‘facteur du développement social qu’au moment et dans la mesure où les rapports sociaux le lui permettent.


C’est tout à fait l’opinion de Fidel Castro qui expliquait dans une interview que ce que l’on appelle le “génie politique” est beaucoup moins exceptionnel que celui des artistes, des chercheurs, des penseurs, et il est totalement déterminé de surcroît par les conditions sociales et politiques d’une société, les luttes qui en affectent l’évolution:

Chaque époque, chaque société, chaque moment historique demnde des qualités différentes. Il se peut que les conditions du leader de l’avenir soient différentes de celles qu’exigeait une étape révolutionnaire de lutte, que l’imagination et l’audace qu’il fallait à un moment donné ne soient plus aussi nécessaires. Peut-être faudra-t-il à un autre moment des gens plus froids, moins intuitifs, plus métodiques, un autre type d’homme apte à diriger la société à une autre étape de son développement, même s’il faudra toujours une certane dose d’esprit créateur et d’imagination. Si loin qu’elle aille, la société sera toujours suceptible d’être perfectionnée et modifiée. “Courant que d’autres types de génie, de tels hommes, ajoutait-il, sont le fruit de circonstances historiques et ils n’apparaissent jamais seuls mais avec un entourage et des masses, avec eux et la Révolution surgissent alors de partout des talents que nul n’aurait soupçonnés [...] (Castro, 1985: 39-45).


En lisant ces lignes on pense bien sur au duo que Fidel formait avec Raoul, mais aussi à un type de leader comme Xi jinping. Mais Fidel ajoute:

Si vous m’interrogez au sujet des qualités d’un leader révolutionnaire, alors je pourrais m’étendre un petit peu là-dessus. Je pense qu’il faut une bonne dose de conviction, de passion dans ce qu’on fait, une grande confiance dans le peuple, aussi de la tenacité, de la sérénité également et même un grand sens de ses responsabilités, beaucoup d’identification avec ce qu’on fait et avec le peuple. [...] ne pas le considérer comme un instrument mais comme un acteur, comme le veritable protagoniste, comme l’objectif et le héros de la lutte [...] Ah! Autre chose! Beaucoup de personnes possèdent des qualités de leaders à mon avis: imaginer qu’elles abondent peu, qu’elles ne sont pas courantes est une erreur, une grossière erreur, j’en suis convaincu. Pour qu’un chef surgisse, il suffit qu’ii en faille un. Au cours des Révolutions, on voit apparaître les leaders, on voit naître des masse, une foule de personnes possédant de grandes qualités (Castro, 1985: 39-45).

D’ailleurs les Cubains le savent et il est fréquent de les entendre dire sans nous, il n’aurait rien pu faire… Il y a une sorte de pédagogie réciproque.

C’est pour cela que quand dans une série d’article, j’ai tenté d’approcher le génie de Lénine, fort de cet exemple de l’illustre cubain, il a fallu décrire une stratégie dans laquelle un individu se désincarnait totalement, en voyant plus loin et en voulant plus fortement.

Il y a trois caractéristiques qui semblent attachés à ce que l’on définit comme le génie politique qui ont été mise en évidence par Machiavel (Machiavel, 952: 159). 1) De tels hommes doivent voir loin, 2) ils doivent convaincre les autree de leur vision 3) et ils doivent savoir sur quoi intervenir. Ces qualités sont essentiels pour prévenir les maux que l’on ne doit pas laisser grandir, cela relève certes du talent mais aussi de l’assiduité dans un domaine, une passion, une conviction qui ait de la totale identication de l’individu avec le milieu.

Cette conviction de la véritable place de l’individu dans l’histoire est si forte chez les bolcheviques qu’elle détermine bien des attitudes de Staline. Ainsi quand les armées hitlériennes sont à quelques kilomètres de Moscou, il refuse de quitter la ville, non seulement pour soutenir le courage des habitants chez qui apparaît un début de panique, mais parce que comme il le déclare: “Napoléon a pu prendre Moscou parce qu’il représentait les forces du progrès mais Hitler ne le pourra pas parce qu’il est la réaction”. Lui-même est totalement collectif, désincarné.

Autre chose est si l’on suit Marx, la dénonciation du pouvoir despotique qu’il fait à propos du même Napoléon.


Pouvoir despotique issu de la Révolution française, assurant la dictature de la bourgeoisie et confronté de ce fait aux coalitions féodales… Militarisant les masses… Il reste beaucoup de pistes d’analyse de l’histoire du communisme mais le fait que toujours se pose cette question de ce qui crée une volonté émancipatrice et de progrès, les choix politiques, l’analyse concrète d’une situation concrète.

CONCLUSION

C’est pourquoi tout ce qui est fait pour abolir cette volonté et renforcer l’inertie, tronquer y compris l’histoire et désorganiser les combattants, les individualiser, les fractionner en “communautés hostiles les unes aux autres, est un facteur puissant de médiocrité dans les perspectives et les choix politiques des dirigeants issus d’une telle politique qui n’est plus que le fruit d’ambitions personnelles et de manoeuvres de sérail.

Le négationnisme historique, produit l’imbécillité des individus, leur méfiance. C’est vrai pour les Etats, comme pour les forces politiques. L’empire capitaliste succombe à sa propre propagande et Trump est sans doute l’incarnation de ce mépris fondamental du citoyen pour lui imposer l’injustice comme base de sa suprématie. aux antipodes de cette dégénérescence, nous avons “le génie politique de Fidel Castro”, celui de l’un des plus grands hommes politiques contemporains, pour le comprendre, il faut explorer le lien socio historique qui s’est noué entre Fidel et son île: la quintessence de la Révolution cubaine est qu’elle cherche toujours le meilleur de l’être humain.

Qu’est-ce que le génie dans une telle symbiose? Pour reprendre de mémoire une phrase de Schopenhauer: le talent atteint une cible que les autres ne peuvent pas toucher, le génie atteint une cible que les autres ne voient pas. A l’inverse des jeux florentins e des manoeuvres tactiques, rien de moins cynique que ce type d’intelligence. Il y a un côté prométhéen, Promthée volant le feu des dieux pour le donner aux hommes, était le seul saint que reconnaissait Marx, il combine rebellion et humanisme. Tant que la justice n’est pas là, la violence est nécessaire: “Sagesse venue trop tôt dit Eschyle est folie” mais jamais le but n’est nié. Qu’est-ce que le socialisme? Les Cubains n’ont jamais cessé de se poser cette question. Le bilan?” Il y a un moment dans l’interview d’Ignacio Ramonet où Fidel manifeste un peu d’irritation. Ainsi Quand Ignacio Ramonet déclare:

Après l’effondrement de l’URSS, en 1991, et des régimes socialistes de l’Europe de l’Est, des choses terribles y ont été découvertes. Un énorme désastre écologique et un état lamentable des infrastructures ont été révélés. Vous mêmes m’avez di que le système de santé ne fonctionnait pas. Réponse de Fidel “Il fonctionnait mais avec des défaillances; et cent fois mieux qu’il ne fonctionne aujourd’hui en Russie.” (Ramonet, 2007: 322-335).

Les références

Barincou, E. (1952). Machiavel. Oeuvres completes. Rome: Editions la Pleiade, p. 159.

Castro, F. (1985). Rien ne pourra friner la marche de l’hisoire. Interview concédé à Jeffrey Eliott et à Mervyn M. Dymally sur de nombreux thèmes économiques, politiques et historiques. La Havane: Edtions Politica, pp. 39-45.

Plekhanov, V. G. (1947). Le rôle de l’individu dans l’histoire (1898) traduit de l’édition en langue russe in Les questions fondamentales du marxisme. Paris: Editions Sociales, pp. 266-272.

Ramonet, I. (2007). Fidel Castro. Biographie à deux voix. Paris: Editions Fayard, pp. 322-335.

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